Retour sur son règne de ces deux dernières années chez les hommes. Il est difficile de s’y retrouver en période de turbulences, mais Haegemans a bien une vision et cela mérite de l’attention. Dans son sillage, la PDG Marie De Clerck s'est adressée aux dirigeants des neuf équipes masculines et autant d’équipes féminines. Elle a évoqué la mise en œuvre de l’IA, de la réalité virtuelle et du système de « video challenge » partout dans le volley-ball.
Pourquoi l’élargissement de la Lotto Volley League à la compétition féminine est-il tellement particulier ?
Luc Haegemans : « Tout d'abord, il faut savoir que dans notre pays, plus de femmes que d'hommes jouent au volley-ball. Je trouve donc tout à fait normal que notre sponsor, la Loterie Nationale, nous demande explicitement de prêter plus d'attention au volley-ball féminin. En outre, les excellents résultats des Yellow Tigers lors de la Coupe du monde aux Pays-Bas à l'automne 2022 ont été évoqués. Tout comme l’impact que cela a eu afin d’inciter davantage de filles à jouer au volley-ball. »
Comment s’est concrétisée la coopération entre hommes et femmes ?
« Notre PDG, Marie De Clerck et moi-même avons contacté Leo Bergmans et Abdon Moens, respectivement président et secrétaire de la Ligue féminine, en octobre de l'année dernière. Ils ont pris l'initiative de mettre en phase leur fonctionnement (statuts et règlements) avec l'approche sur laquelle la Ligue masculine travaille depuis plusieurs années. La Ligue a beaucoup évolué ces dernières années, notamment dans les domaines financier, compétitif et numérique. Et grâce à notre collaboration, la Ligue féminine pourra en profiter de manière accélérée. »
Est-ce une seule organisation ?
« Non, nous avons délibérément choisi de conserver les deux associations à but non lucratif distinctes. Nos défis sont peut-être très similaires, mais nous sommes à un stade différent de notre évolution et sportivement, c'est un type de jeu différent. L’intention demeure toutefois de coordonner les choses. Le fait que Marie De Clerck soit également active dans la Ligue féminine depuis mi-2023 facilite les choses. Le partenariat – que j’appelle « l’unité dans la diversité » – nous rend tous plus forts. »
C’est bien. On dirait que vous êtes un président satisfait, surtout en ce qui concerne la saison des hommes de l'année dernière ?
« Oui, l’équipe de Knack Roeselare a dominé avec le titre et la coupe. La lutte pour remporter une sélection européenne était très excitante. Les formations de VHL Haasrode Leuven et Caruur Gent ont montré leur progression dans le nivellement annoncé au sommet. J'ai aussi trouvé le parcours européen de Knack Roeselare en CEV Cup époustouflant avec ces deux super finales contre les Italiens de Modène. »
La Ligue masculine n'a pas réussi à charmer un dixième club afin d’élargir le groupe des neuf ?
« C'est dommage. L’équipe de Marke-Webis, championne en première nationale, n'a pas voulu franchir le pas. Pourtant, nos conditions de licence ne sont pas trop strictes. Pour monter, ils sont trop légers en cette première saison. Mais nous veillons à ce que les meilleures équipes du volley-ball belge puissent continuer à se développer à un bon niveau européen. »
L'infrastructure s'améliore également chaque année ?
« Nous avons inscrit cette ambition dans le plan pluriannuel élaboré par la Ligue. Nous nous attelons à la tâche. Menin rénovera sa salle de sport Vauban aux normes minimales européennes. Les travaux seront achevés fin septembre 2024. De belles perspectives pour VC Decospan. Tectum Achel pourra également compter sur un nouveau complexe d’ici deux ans pour remplacer De Koekoek. Et à partir d’octobre, VHL Haasrode-Leuven emménagera avec sa première équipe dans la Leuvense Sportoase, qui répond pleinement aux normes européennes les plus élevées. »
Est-ce que l’image de marque est plus facile à véhiculer et la communication plus fluide qu’avant ?
« Le logo et le site ont fait peau neuve en octobre 2022. Avec beaucoup d’informations. On a également accès à la diffusion en direct via le site Web. Nous déployons davantage d'efforts sur nos réseaux sociaux avec des résumés de matches chaque semaine. Ce qui est nouveau c'est que la Ligue féminine est aussi présente sur notre site Internet. De cette façon, tous les supporters de toutes les équipes de la Ligue (H/F) du pays peuvent se rendre sur un seul site. »
L’objectif est d’améliorer la qualité de la diffusion en direct.
« En effet. La société néerlandaise 360° Sports Intelligence diffuse les images via un système de caméras fixes. Pour insuffler de la qualité, nous mettons en place notre propre plateforme de communication pour la nouvelle saison. Les clubs reçoivent des outils pour importer des images et des reportages sur le site Web de leur club. L’objectif est de susciter l’intérêt pour le volley-ball auprès d’un public plus jeune. Les jeunes regardent rarement les matches complets, ils s’intéressent davantage aux clips et aux résumés passionnants. »
Vous disposez de contrats en cours avec Telenet, Proximus, PlaySports et Pickx Sports. Une audience télé plus large.
« En effet. Dans le passé, on ne pouvait voir que quelques matches en play-offs. Désormais, il y a plus d'une trentaine de rencontres au total. Sporza continuera également à diffuser les matches européens de Roulers et Maaseik. Dans ce contexte, les audiences sont plus que correctes. Nous espérons reconduire tous les contrats à partir de la saison 2024-2025. Les matches féminins seront normalement programmés au cours de la seconde moitié de cette saison. »
Vous insistez sur le fait de disposer de finances saines et transparentes ?
« L'important programme de parrainage de la Loterie nationale nous offre la possibilité de travailler de manière financièrement saine. Merci également à tous les clubs qui contribuent aux frais de fonctionnement de la Ligue. Je suis favorable à un budget très clair, basé sur des objectifs que nous suivons de manière transparente sur une base mensuelle. L’avenir s’annonce sain. Avec un peu de chance, cela se fera grâce au soutien continu de la Loterie Nationale. »
Vous regardez également de manière très intéressée les Pays-Bas ?
« Oui, nous avons entamé un processus visant à déterminer si une compétition transfrontalière apporterait une valeur ajoutée aux deux pays. Pour concrétiser ces idées, plus de sponsoring est une condition sine qua non. Dans l'état actuel des discussions, l'accent serait mis sur les compétitions nationales et le titre belge serait toujours le résultat d'une série de finales entre les deux meilleures équipes belges.
Mais il est prévu que dans la phase finale de la compétition (play-offs), les quatre meilleures équipes de chaque pays s'affronteront, avec un « Final 4 Event » à la fin, après quoi un titre BeNe sera décerné. Cette compétition transfrontalière aurait une portée bien plus limitée que ce qui se passe aujourd'hui dans le basket-ball avec la 'BNXT League', mais même de petits efforts peuvent ajouter une touche sportive supplémentaire à notre compétition nationale. »
La Super Coupe semblait avoir été abandonnée, donc quasiment supprimée. Vous débutez désormais par une Coupe de la Ligue. Qu’en pensez-vous ?
« En raison de la participation des Red Dragons au tournoi de qualification olympique en Chine, Volley Belgium a souhaité ponctuellement annuler l'événement. Les deux Ligues ont alors pris les choses en main. Chez les femmes, le match entre Asterix Beveren et VDK Gent a eu lieu le 2 octobre (2-3 pour Gand) et chez les hommes, Roulers et Menin s'affronteront à Roulers (Tomabelhal) le 10 octobre à 20h00. Nous appelons ces deux matches la « Coupe de la Ligue ». Nous verrons comment nous aborderons cela à l’avenir. Si une collaboration avec les Pays-Bas se fait, cela pourrait être une bonne idée d'organiser la Super Coupe entre les champions (H/F) des deux pays.
La Ligue est confrontée à des défis à moyen et long terme. Voyez-vous des points d’attention ?
- Les clubs de la Ligue se plaignent depuis longtemps de la courte durée de la compétition ? Comment évolue ce débat ?
« La saison 23-24 durera à peine 6 mois : du 15 octobre 2023 au 28 avril 2024. Et si cela n’avait tenu qu’à la FIVB, nous aurions dû commencer une semaine plus tard. Je comprends très bien l'importance des équipes nationales, mais un interclub qui dure à peine six mois... Comment séduire alors des sponsors potentiels ? Ils veulent, à juste titre, en avoir pour leur argent. Volley Belgium et d'autres associations nationales doivent inciter la FIVB ET la CEV à raccourcir ou à mieux répartir la compétition internationale, afin de laisser de la place à la compétition nationale des clubs.
Raison de plus pour un réagencement du calendrier international avec moins de problèmes de surcharge physique et mentale des joueurs. Concrètement, la Ligue réclame un mois et demi d'espace supplémentaire pour notre propre compétition nationale et un mois et demi de repos à la mi-saison.
- Quelles sont les inquiétudes des clubs de la Ligue, liées à la situation économique difficile ?
« En raison de la courte durée de notre compétition nationale et de la concurrence d'autres nouveaux sports, exploiter des ressources financières supplémentaires provenant du sponsoring et d'autres sources de revenus reste un défi majeur. Mais c’est nécessaire cependant pour accroître la qualité de notre sport et offrir aux jeunes volleyeurs une perspective raisonnable. Pour plus de revenus, nous avons besoin d’une visibilité supplémentaire via la presse et la télévision. Même si nous avons presque perdu la presse écrite, nous, en tant que Ligue, continuerons à essayer d’obtenir cette attention supplémentaire à travers d’autres médias. »
Texte: Leo Peeters
Photo: Bart Vandenbroucke